Après une dizaine de jours de négociations à Bougival, les principales forces politiques calédoniennes et le gouvernement ont signé le 12 juillet un texte « historique » sur l’avenir de l’archipel. Celui-ci dessine des avancées institutionnelles majeures : la création d’un « État de la Nouvelle-Calédonie » au sein de la République française mais aussi d’une nationalité calédonienne. L’accord doit encore être « constitutionnalisé » par le Parlement et voté par référendum local pour devenir définitif. Historique, il l’est aussi car il dresse la possibilité de transfert de compétences régaliennes vers des institutions locales notamment dans la défense, la sécurité ou les relations internationales.
L’accord contient également un plan stratégique pour le nickel, dont l’archipel est le cinquième producteur mondial. Ce métal constituait d’ailleurs 20 % de son PIB et 90 % de ses exportations en 2020. Pour la Nouvelle-Calédonie, l’enjeu est de relancer cette filière, poumon économique et gage de stabilité sociale, et particulièrement les activités de transformation en province Nord après la fermeture de l’usine KNS en août 2024. L’objectif : rendre viable la filière du nickel transformé alors que les cours se sont effondrés du fait d’une importante production indonésienne. Pour Paris, l’enjeu est double. Il s’agit avant tout de sécuriser ses approvisionnements dans ce minerai clé mais aussi d’en faire profiter l’Union européenne.
Mais cet accord doit aussi permettre de resserrer les liens avec Nouméa, écornés par les émeutes de 2024, et d’éloigner l’influence grandissante de Pékin, qui lorgne sur les précieuses réserves du Caillou et sa situation géographique. La France n’a pas oublié les tentatives de rapprochement de la Chine ou de l’Azerbaïdjan avec les indépendantistes kanaks, perçues comme une véritable ingérence, et tente de maintenir l’archipel dans son giron.