C’est un symbole des ambitions climatiques de l’Europe qui tombe : la révision de l’objectif de fin de vente des véhicules thermiques neufs dans l’UE en 2035 est désormais à l’étude. Vendredi 12 septembre, lors d’une réunion à Bruxelles dite « dialogue stratégique », la Commission européenne a validé le déclenchement avancé de la clause de revoyure. Sous la pression d’un certain nombre d’États membres et des plus puissantes filières automobiles du Continent, et fragilisée par un soutien précaire des députés européens, Ursula von der Leyen n’avait guère d’autre choix que de proposer une modification de l’objectif dès le début de l’année prochaine.
C’est avant tout une victoire pour les constructeurs allemands, qui réclament cette révision depuis que l’objectif existe. Berlin, qui soutient fermement leur combat, dispose d’un argument de poids : la vulnérabilité des 800 000 emplois de la filière automobile allemande, cœur battant de l’économie européenne. Preuve de la considération du sujet, la veille du « dialogue stratégique », le commissaire à l’Industrie, Stéphane Séjourné, s’est rendu à Munich à la rencontre des dirigeants du groupement d’intérêt des constructeurs automobiles allemands, le VDA, présents au salon international de l’automobile.
Les défenseurs de l’objectif 2035 se réconfortent avec la promesse avancée lors du « dialogue stratégique » d’une préférence européenne pour les équipements et les batteries qui équiperont les futurs véhicules électriques dans l’UE. Sur ce dossier, le groupement d’intérêts des constructeurs français, PFA, ajouté in extremis ses forces à celles des équipementiers qui réclamaient ces réformes protectionnistes. Pour cause, 40 % des activités liées aux pièces et équipements produits en Europe actuellement sont dans une « position compétitive dégradée », a défendu Luc Chatel, patron de PFA, dans les colonnes du quotidien Les Echos.
La Commission européenne devrait aller encore plus loin. Le cabinet de Stéphane Séjourné a annoncé la mise en place d’une « conditionnalité » d’accès au marché commun des constructeurs et équipementiers étrangers, chinois en particulier. Cette mesure et les autres prendront place dans un futur texte, l’Industrial accelerator act. Comprenez, une loi pour accélérer les processus de réindustrialisation et de transformation des industries en Europe, particulièrement de l’automobile et de l’acier. Ursula von der Leyen l’a promise le 10 septembre, lors du premier discours sur l’état de l’UE de son nouveau mandat à la tête de l’exécutif européen. Accusée d’attentisme, tétanisée par la bataille des droits de douane avec Donald Trump, l’ancienne ministre d’Angela Merkel était contrainte de monter au créneau sur ces dossiers.
Reste à définir un calendrier pour l’Industrial accelerator act dans un agenda déjà chargé. À Bruxelles, la bataille est déjà engagée sur la répartition des rôles entre les cabinets du commissaire à l’Industrie, Stéphane Séjourné, et ceux des commissaires au Climat, Wopke Hoekstra, et à la Compétitivité, Teresa Ribera. Car ce nouvel acte vient remplacer celui prévu jusqu’alors sur la simplification de la vie des industries énergo-intensives (Industrial decarbonisation accelerator act), chapeauté par les équipes de Stéphane Séjourné, mais auquel contribuaient celles de Wopke Hoekstra. Ces dernières sont aussi chargées de se saisir des demandes d’assouplissement des niveaux d’émissions des voitures hybrides rechargeables, récemment durcis à cause d’effets rebonds inattendus sur l’usage de la recharge, et qui n’ont pu être tranchées lors du « dialogue ».