Après de longues et âpres discussions, les ministres de l’environnement des 27 ont sauvé la face en se mettant d’accord sur un objectif climatique le 5 novembre, à quelques heures de l’ouverture des premières discussions internationales et à moins d’une semaine de la COP30. Alors que ces dernières heures, de sérieux doutes planaient sur la capacité de Bruxelles à annoncer un objectif, l’UE a finalement réaffirmé son ambition de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 90 % pour 2040 par rapport aux niveaux de 1990.
Mais derrière cette annonce officielle, le compromis trouvé ouvre la porte à une flexibilité importante et à de nombreuses concessions. Plusieurs points validés dans le texte ont fait trainer les négociations : la possibilité d’utiliser jusqu’à 5 % de crédits carbone internationaux (en échange du soutien à des projets de décarbonation dans des pays tiers), d’acquérir 5 % supplémentaires au cours d’une prochaine révision ou encore la mise en place d’une clause de révision des objectifs, activable tous les deux ans. Devant les atermoiements et la difficulté à trouver un consensus, seule une fourchette a été annoncée pour 2035, avec une baisse de 66,25 à 72,5 % des émissions de GES par rapport à 1990.
Importantes dissensions
Les négociations ont mis en lumière les profondes dissensions sur le climat au sein de l’Union européenne. Quelques États figures de proue d’une politique climatique ambitieuse – principalement l’Espagne, la Suède et les Pays-Bas – ont fait face à plusieurs pays très rétifs à un objectif jugé trop « ambitieux » – Italie, Pologne, République tchèque notamment. Et la grande majorité des membres questionnent la capacité à allier transition énergétique, compétitivité économique et enjeux de défense.
Reste que l’annonce d’un objectif climatique ne pouvait plus attendre. Après des mois de discussions, l’absence d’engagement n’était plus tenable sans ternir la crédibilité de l’Union européenne, qui se revendique à l’avant-garde de la lutte contre le changement climatique. Enfin, au-delà du risque d’humiliation d’arriver à la COP30 sans objectif chiffré, la capacité de l’Union européenne à rester unie, prendre des décisions courageuses et mettre en œuvre une politique en cohérence avec son discours est particulièrement scrutée par Washington et Pékin, en ces temps troublés sur le plan international.