En pleine guerre des droits de douane entre Washington et Pékin, les industriels européens de l’éolien craignent d’être écrasés par leurs concurrents chinois dont la production pourrait se déverser davantage sur le Vieux Continent si le marché américain se ferme. Or ils sont déjà très puissants : en 2024, sur les dix plus gros fabricants de turbines dans le monde en volume, ils trustent six places dont les trois premières avec Goldwind, Envision et Mingyang, selon le cabinet Wood Mackenzie. Le danois Vestas, le groupe germano-espagnol Siemens Gamesa, l’allemand Nordex et l’américain GE Vernova sont les seuls acteurs non-chinois du classement.
À Copenhague (Danemark) où ils se sont retrouvés cette semaine pour leur congrès annuel WindEurope, les Européens ont donc plaidé pour une augmentation de la demande, seule issue à leurs yeux face à la déferlante chinoise. « Nous estimons que nous pouvons produire 32 GW annuellement, pas loin du rythme prévu pour atteindre les cibles de 2030. Mais y a-t-il assez de demande ? En 2024, elle n’a été que de 16,4 GW » en comptant le Royaume-Uni, constate Carina Brehm, directrice des opérations de Siemens Gamesa. Alors qu’une accélération de l’éolien européen est souhaitée sur le papier, les chiffres de 2024 ont été inférieurs à ceux de 2023, ce qui « ne nous donne pas de visibilité pour investir », renchérit Felix Henseler, PDG de ZF Wind Power.
À cette faiblesse des carnets de commandes s’ajoute « la surcapacité de l’industrie chinoise, qui pourrait aisément fournir l’ensemble de la demande mondiale », la principale menace pour les chaînes de valeur du Vieux Continent. Beaucoup d’acteurs de l’éolien redoutent une réplique du scénario de l’industrie solaire, où les producteurs européens et américains ont été balayés par les chinois, aux coûts beaucoup plus bas.