Élu à la tête du Parti libéral le 9 mars 2025 avec 85 % des voix, l’économiste Mark Carney est officiellement le prochain Premier ministre du Canada, au moins jusqu’aux élections législatives anticipées qui doivent avoir lieu d’ici septembre. Peu connu du grand public, il dénote par son profil atypique : banquier, gouverneur de la Banque du Canada puis de la Banque d’Angleterre, il est ensuite devenu expert en finance durable.
Mark Carney a fait de la suspension de la taxe carbone son cheval de bataille. L’annonce de sa suppression pour les consommateurs canadiens – une mesure phare mais controversée du gouvernement Trudeau – peut surprendre au regard de son parcours. Le futur Premier ministre a en effet été un précurseur de la finance durable : ancien envoyé spécial des Nations Unies pour le financement de l’action climatique, initiateur de la Glasgow Financial Alliance for Net Zero crée en amont de la COP26, il a milité de longue date pour l’engagement des acteurs de la finance en faveur de la neutralité carbone. Bien que son programme intègre un certain nombre de mesures en faveur de la décarbonation de l’économie canadienne et qu’il prévoit d’y consacrer 2000 Mds$ canadiens d’ici 2050, la suppression de cette taxe au profit de mesures incitatives interroge quant aux nouvelles ambitions du pays en matière de transition énergétique. Marc Carney se veut avant tout « pragmatique ».
Mais la taxe carbone ne sera pas le seul combat de Marc Carney. Offensif pendant la campagne contre Donald Trump, il va devoir batailler ferme contre les velléités expansionnistes du président américain, qui veut faire du Canada le 51e État des États-Unis. Et qui, pour cela, n’hésite pas à manier son arme préférée : les droits de douane.