Responsables politiques et constructeurs automobiles allemands intensifient leur lobbying à l’approche du 10 décembre, date à laquelle la Commission européenne devrait présenter son plan pour l’automobile. Le chancelier Friedrich Merz est monté au créneau dans un courrier adressé à la présidente Ursula von der Leyen, contre l’une des mesures emblématiques du Pacte vert : il demande la levée de l’interdiction de vente de véhicules neufs non électriques prévue en 2035 ainsi que l’homologation « des véhicules hybrides rechargeables, des véhicules électriques équipés de prolongateurs d’autonomie et des voitures dotées de moteurs à combustion à haut rendement ».
Une pression au plus haut niveau, alors que l’industrie automobile allemande, l’un des piliers de l’économie Outre-Rhin, fait face à une crise sans précédent : féroce concurrence chinoise sur les véhicules électriques, exportations en baisse en raison des droits de douane américains et 50 000 emplois supprimés en un an. Pour sauver ce secteur crucial, Berlin est prêt à torpiller l’une des mesures phares de la transition énergétique du Vieux Continent.
Mais tous les constructeurs européens ne sont pas sur la même longueur d’onde. A la tête de la contre-offensive, le suédois Håkan Samuelsson, CEO de Volvo, ne voit pas de « logique » dans une éventuelle reculade et estime qu’il faut tenir bon. En France, le gouvernement reste prudent alors que les véhicules électriques progressent. En novembre, ils ont représenté 26 % des ventes de voitures neuves, un record.
A Bruxelles, Stéphane Séjourné, vice-président chargé de la prospérité et de la stratégie industrielle, s’est montré réceptif aux demandes allemandes, se déclarant prêt à « accorder des flexibilités » au secteur. Mais les négociations se poursuivent, le match est encore en train de se jouer.