Un piètre accord annoncé dans une cacophonie générale. Après 24 heures de prolongations, le président de la COP30 André Correa do Lago a officialisé samedi 22 novembre à Belém l’adoption d’un accord a minima, malgré les réserves de plusieurs délégations dont celles de la Colombie et de l’Union Européenne qui souhaitaient plus d’ambition mais n’ont pas voulu prendre le risque d’un échec complet.

Dix ans après l’accord de Paris, ce texte n’acte en effet d’aucune avancée majeure, s’en tenant à une accumulation d’intentions peu ambitieuses et non contraignantes : maintien de l’objectif de limiter le réchauffement climatique à +1,5°c sans expliquer comment y parvenir, pas d’avancée significative sur la lutte contre la déforestation – sujet pourtant prioritaire du Brésil -, une agriculture passée sous silence, un report des débats sur la sécurité alimentaire et enfin aucune mention de sortie des énergies fossiles, le point de crispation majeur de cette COP. Malgré l’absence des Etats-Unis, de nombreux pays – et pas seulement les pétromonarchies – ont bloqué l’élaboration d’une feuille de route traçant une sortie progressive des énergies fossiles. Signe que le « Drill baby, drill » ne se limite pas au seul territoire américain.

« Je ne pourrais pas dire que cette COP est une réussite », a commenté Monique Barbut, la ministre française de la Transition écologique, juste avant l’adoption formelle des textes en séance plénière. « C’est un accord sans ambition, mais ce n’est pas un mauvais accord […] Avec ce texte, on n’augmente pas notre niveau d’ambition global, mais il ne casse rien des dynamiques précédentes », a-t-elle poursuivi. François Gemenne, co-auteur du 6ème rapport du GIEC et professeur à HEC, est plus sévère : « On aurait dû faire écrire le texte directement par les compagnies pétrolières et les industries du charbon, tout le monde aurait perdu moins de temps ».

Seule la question du financement a donné lieu à une promesse chiffrée quelque peu audacieuse avec un objectif de 120 Mds$/an pour l’adaptation au changement climatique, soit un triplement des financements. Preuve supplémentaire qu’à cette COP, il a été davantage question de s’adapter au changement climatique que de tenter de l’enrayer…