L’annonce était attendue. Après les atermoiements sur la réduction de ses émissions de carbone en amont de la COP30, les rabotages de la CSRD et la CS3D, l’Union européenne fait officiellement marche arrière sur une autre mesure emblématique du Pacte vert : l’interdiction de la vente de véhicules thermiques neufs à compter de 2035.

Cette disposition est remplacée par l’obligation de réduction de 90 % des émissions de carbone émises par les véhicules neufs – par rapport à 2021 – et la compensation des 10 % d’émissions restantes via l’utilisation de biocarburants ou d’un acier bas carbone produit dans l’UE. Un tour de passe-passe que Bruxelles présente comme un moyen alternatif d’atteindre la décarbonation du secteur automobile « à 100 % » en 2035, malgré les assouplissements accordés comme le lissage sur trois ans de l’objectif de réduire de 55 % les émissions de GES des véhicules à partir de 2030.

Ce rétropédalage n’étonne guère en raison du lobbying industriel et politique intensif effectué ces derniers mois par un secteur en pleine crise, particulièrement en Allemagne. Les arguments de la « flexibilité » et du « pragmatisme » prônés par le commissaire européen Stéphane Séjourné l’ont emporté sur la stratégie climatique. 

Si le chancelier allemand Friedrich Merz et le constructeur automobile Volkswagen se sont justement réjouis de cette « décision pragmatique », ce n’est probablement pas le cas de l’entreprise Verkor, qui vient tout juste d’inaugurer sa toute première gigafactory pour la production de batteries électriques à Dunkerque. D’autant que la jeune société prévoit deux usines supplémentaires…

En renonçant à imposer le tout-électrique à partir de 2035, c’est bien la montée en puissance de la filière européenne de l’électrique qui risque d’être freinée. Des inquiétudes auxquelles Bruxelles a voulu répondre en annonçant le lancement du Battery Booster, un dispositif d’aide à l’implantation d’usines de batteries en Europe, qui proposera 1,5 Md€ de prêts à taux zéro, et la création de « super crédits » carbone pour les constructeurs automobiles proposant de petites voitures électriques produites sur le sol européen. Des annonces qui ont bien du mal à cacher le virage de Bruxelles en matière d’ambitions climatiques…