« À l’heure où certains veulent nous imposer leur modèle », vaste mission pour la Commission européenne que d’« associer décarbonation et industrialisation » pour « renforcer la compétitivité » de l’Union européenne, a souligné Stéphane Séjourné, vice-président exécutif de la Commission européenne chargé de la stratégie industrielle, le 27 février lors de la présentation du très attendu « Pacte européen pour une industrie propre ».
Simplification administrative, économie circulaire, massification des investissements, électrification des usages, approvisionnement en matières premières et critiques… Tout y passe pour assurer la prospérité économique de l’UE, après cinq années à définir les objectifs de transition inscrits dans le Green Deal. Rien, en revanche, ne se fera sans un prix bas de l’énergie. Bruxelles prévoit à cette fin un « plan d’action » pour économiser pas moins de 2500 Mds€ en 15 ans. Soit 1,5 % du PIB de l’UE économisé chaque année.
Encore faut-il faire accepter les efforts nécessaires, car les 100 Mds€ annoncés pour financer l’industrie propre ne tomberont pas du ciel, mais bien des poches des Européens. Or, « le momentum politique dans l’UE est plus tourné vers la défense que la décarbonation », souffle un chercheur spécialiste des questions industrielles Europe – Asie. Et pourquoi ne pas saisir l’opportunité ? « Le volume d’argent nécessaire pour la défense sera très important et l’emprunt commun sera socialement plus acceptable que pour la décarbonation », explique un ingénieur influent dans les milieux de l’industrie et de l’énergie. Le temps long inhérent au secteur de la défense pourrait, par ricochet, bénéficier ensuite à d’autres investissements, comme la décarbonation, s’essaye-t-il.