Avec un hiver froid et qui devrait encore durer, les stocks européens de gaz sont désormais « au plus bas », indique Jean-Michel Gauthier, professeur affilié et directeur exécutif de la chaire Énergie et Finance à HEC Paris. Le taux de remplissage est de 26 % aujourd’hui en France, contre 37 % fin mars 2024. Et l’année 2025 devrait voir l’arrêt total de l’arrivée de gaz russe par pipeline à travers l’Ukraine et l’application de sanctions sur le GNL de Moscou.

Pour passer l’hiver 2025-2026, « il va falloir trouver de quoi remplir les stocks et 30-35 Mds m3 nouveaux », pointe Jean-Michel Gauthier. D’après lui, il sera difficile d’obtenir des molécules supplémentaires de Norvège ou d’Algérie. « L’alternative du GNL américain devient crédible, mais toutes les nouvelles mises en service sont repoussées », ce qui fait craindre une « fenêtre vide » pile au moment de renouveler les stocks, cet été, pointe encore l’expert.

Entretemps, le prix du gaz a atteint un pic de 58 €/MWh sur le marché mensuel TTF, un montant jamais atteint depuis deux ans. Cet indicateur reste cependant très sensible aux évolutions géopolitiques. Avec la perspective de négociations pour la fin de la guerre en Ukraine et la demande de l’Allemagne d’assouplir les objectifs de stockage européens, il est rapidement passé sous les 50 /MWh.