Le géant taïwanais TSMC a annoncé un investissement de 165 Mds$ pour la fabrication de semi-conducteurs et puces en Arizona. Donald Trump a loué cette décision d’une société étrangère de produire sur le sol américain pour éviter des droits de douane. Ce que le président américain n’a pas évoqué, c’est que le coût de fabrication de ces équipements sera nécessairement plus coûteux pour TSMC qu’à Taïwan – inquiétant ses clients comme Apple – et que cet investissement colossal ne constitue pas une garantie contre de nouvelles menaces tarifaires.

En revanche, pour les États-Unis, il y a là un intérêt premier : la production de ces technologies sur leur sol leur permettra de réduire leur dépendance à Taïwan tout en marquant des points dans leur guerre commerciale face à Pékin.

Côté taïwanais, l’équation n’est pas simple. La fabrication de semi-conducteurs concourt à sa sécurité nationale, faisant office de « bouclier de silicium » puisque TSMC détient plus de 50 % du marché mondial des microprocesseurs et 92 % du marché des puces les plus avancées. De fait, une interruption de cette production liée à une offensive chinoise provoquerait une déflagration économique mondiale, y compris en Chine, mais une délocalisation massive de la production rendrait aussi l’île plus vulnérable. Alors que TSMC affirmait que des puces pour l’IA seraient produites dans les futures usines américaines, la présidence taïwanaise a fait savoir que « les processus de fabrication les plus avancés resteraient sur l’île », traduisant le jeu d’équilibriste de Taipei : conserver un quasi-monopole sur ces technologies tout en amadouant la nouvelle administration américaine pour que celle-ci ne lui tourne pas le dos en cas d’attaque de Pékin. Un challenge insoluble ?