C’est un coup de force dans le milieu hautement sensible des semi-conducteurs. Le gouvernement néerlandais a annoncé la prise de contrôle de Nexperia, ex-filiale de Philips Semiconductors, et dont le groupe chinois Wingtech Technology avait racheté 79 % du capital pour 3,8 Mds$ en 2018. L’entreprise, l’un des fleurons européens des semi-conducteurs, revient ainsi dans le giron néerlandais, sans rachat mais via une nationalisation « fonctionnelle » après l’activation de la Goods Availability Act, loi adoptée en 1952 pour garantir l’accès à des biens essentiels notamment en cas « d’urgence nationale ». Justifiant cette décision par une « menace pour (…) les capacités technologiques critiques sur le sol européen », les autorités néerlandaises n’avaient jamais activé cette disposition dans le secteur industriel. Une décision inédite, qui survient quelques jours après l’annonce d’un nouveau tour de vis chinois sur l’usage et l’exportation de technologies liées aux terres rares…
Cette prise de contrôle dénoncée par Wintech Technology comme une « ingérence excessive, motivée par des biais géopolitiques », constitue un signal fort à l’échelle européenne. La réaction de Pékin ne s’est pas fait attendre puisque les autorités chinoises viennent d’annoncer l’imposition d’une interdiction d’exportation à Nexperia.