Les images sont dignes d’un blockbuster. Début décembre, une troupe de GI’s est héliportée sur un immense tanker au large des côtes vénézuéliennes pour arraisonner sa cargaison de pétrole. Il s’agit d’une nouvelle démonstration de force dans l’escalade des tensions entre le Vénézuéla et les États-Unis après l’arrivée dans les eaux caribéennes du porte-avion USS Gérald Ford, le plus imposant de la marine américaine, quelques jours plus tôt. Officiellement pour renforcer la lutte contre les réseaux de narcotrafic, officieusement pour pousser au départ le dirigeant contesté Nicolas Maduro, héritier de Hugo Chavez, considéré par Donald Trump comme un ennemi des États-Unis.

Au-delà de cette tension militaire, la stratégie de pression maximale exercée par Washington sur Caracas passe également par un blocage de l’activité pétrolière du pays, quasiment la seule source de devises étrangères de cet État d’Amérique du Sud.

Pour cela, Donald Trump n’a pas hésité en début d’année à sacrifier les intérêts d’une grande compagnie américaine, en l’occurrence Chevron, en annulant sa licence dérogatoire accordée par l’administration Biden. Elle permettait au groupe d’opérer au Vénézuela, considéré par la Maison Blanche comme appartenant à la première sphère d’influence des États-Unis. Une décision qui a impacté également les raffineries américaines spécialisées dans les pétroles dits « lourds » caractéristiques du sous-sol vénézuélien.  

Chute de la production

Si le Vénézuéla dispose des plus importantes réserves de pétrole du monde, le pays est devenu ces dernières années un petit poucet en matière de production avec à peine 960 000 barils par jour en 2024 contre 2,2 millions de barils par jour (Mbj) en 2017, selon les statistiques de l’Energy Institute. Dans les années fastes, il produisait plus de 3 Mbj.

Une chute de la production – et donc des rentrées de devises – qui ne peut qu’accentuer une situation politique intérieure explosive avec un pouvoir discrédité et réprimant dans le sang ses oppositions politiques. Le pays a vu fuir ces dernières années pas moins de 7,7 millions de ses compatriotes, soit près d’un quart de sa population, selon l’agence des Nations unis pour les réfugiés. Les Vénézuéliens restés dans le pays pâtissent de conditions de vie et de sécurité très dégradées, et d’une hyperinflation.

Les millions de réfugiés ont, malgré eux, déstabilisé plusieurs pays d’Amérique du Sud. Ces flux migratoires massifs ont entraîné parfois une expression de rejet, à l’image du Chili dont le président d’extrême droite nouvellement élu, José Antonio Kast, a fait de l’expulsion des Vénézuéliens l’un des axes majeurs de sa campagne électorale. Plusieurs autres pays sud-américains ont récemment élu des dirigeants classés à l’extrême droite de l’échiquier politique à l’instar de l’Argentine, du Salvador et de l’Équateur.