Alors que le nucléaire civil connait un regain d’intérêt dans le monde, Cécile Maisonneuve, conseillère au Centre Énergie et Climat de l’Institut français des relations internationales, vient de réaliser deux études sur le sujet. La première est consacrée à un état des lieux des avancées extra européennes, la seconde se penche sur la situation du Vieux Continent.
Source de production d’électricité bas carbone, le nucléaire constitue un atout majeur dans un double contexte de réchauffement climatique et de nécessaire indépendance énergétique face à la transformation rapide de l’ordre international. Pour l’autrice, c’est clair : « une relance urgente de l’industrie nucléaire s’impose. »
Si l’Europe et les États-Unis ont été les berceaux du nucléaire civil, ils l’ont ensuite mis de côté jusqu’à récemment. Malgré tout, « 2025 verra la production nucléaire mondiale atteindre un record historique, cette dynamique est désormais portée par la Chine et la Russie », écrit Cécile Maisonneuve.
Aujourd’hui, Washington affirme sa volonté de relance du nucléaire avec, notamment, le projet de quadrupler sa capacité installée d’ici 2050. Mais entre l’absence « de décisions structurantes de construction, [les] incertitudes réglementaires et budgétaires et un certain flou de l’administration Trump quant au réalisme d’une perspective de construction de plusieurs réacteurs de grande puissance », rien n’est moins sûr.
De l’autre côté de l’Atlantique, 24 % de l’électricité produite en Europe provient de centrales nucléaires. Cela fait de l’atome la première source de production d’électricité du continent. Mais pour Cécile Maisonneuve, l’Union européenne pourrait investir davantage dans ce secteur. « L’absence d’une stratégie européenne unifiée et le sous-financement chronique menacent de reléguer l’UE derrière les États-Unis et d’autres puissances », s’inquiète-t-elle. Des défis urgents que l’Europe devra résoudre si elle veut parvenir à la neutralité carbone en 2050.