Quels sont les effets du changement climatique sur la santé mondiale ? C’est à cette épineuse question que tente de répondre The Lancet à quelques jours de la COP30 dans son dernier rapport intitulé « The Lancet Countdown ». La revue médicale britannique en collaboration avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS), met en lumière la mortalité imputée à l’inaction climatique et appelle les gouvernements à prendre des engagements ambitieux en matière d’environnement et de climat en amont de la conférence de Belém. Car comme l’écrit Jeremy Farrar, sous-directeur de l’OMS, « la crise climatique est une crise sanitaire. Chaque fraction de degré de réchauffement coûte des vies et des moyens de subsistance ».
En s’appuyant sur vingt indicateurs, le rapport montre que « les opportunités manquées [en matière de climat, NDLR] se paient en millions de vies », avec des niveaux records atteints pour douze des indicateurs étudiés et une mortalité croissante liée au climat. Sans surprise, la chaleur et les épisodes de canicule sont directement incriminés avec plus de 500 000 morts en moyenne par an, en hausse de 23 % depuis les années 1990. En parallèle, l’élévation de la température est aussi responsable de nombreuses pathologies cardiovasculaires et respiratoires. Les problèmes d’alimentation s’aggravent avec la sécheresse puisque 123 millions de personnes supplémentaires ont été concernées par une insécurité alimentaire modérée ou grave l’an dernier. Enfin, les phénomènes extrêmes et la pollution liée aux combustions fossiles sont aussi responsables, directement ou indirectement, de plusieurs centaines de milliers de morts. Selon « The Lancet Countdown », rien qu’en 2022, 2,5 millions de décès dans le monde ont été provoqués par l’impact des fossiles.
Au-delà du grave constat dressé par cette étude, ses auteurs pointent l’effet bénéfique pour la santé de la lutte contre le changement climatique. La réduction de la pollution de l’air liée au charbon aurait ainsi permis d’éviter 160 000 décès prématurés par an entre 2010 et 2022. D’où la conclusion sans appel de Marina Romanello, directrice exécutive de « The Lancet Countdown » : « Éliminer rapidement les combustibles fossiles au profit d’énergies propres, renouvelables et efficaces reste le levier le plus puissant pour ralentir les changements climatiques et protéger des vies. »