Avec la relance du nucléaire dans le monde, les besoins en uranium explosent. Un constat rappelé par la World nuclear association (WNA) qui s’inquiète dans son rapport publié début septembre d’une potentielle pénurie et appelle à de nouveaux investissements. Car selon les prévisions de la WNA, 150 000 tonnes d’uranium seront nécessaires à la consommation mondiale en 2040, soit le double de la consommation prévue en 2025. Une tendance à la hausse tirée par la construction de nouveaux réacteurs en Asie, en premier lieu en Inde et en Chine. Problèmes : le cours actuel de l’uranium est à peine supérieur à son coût d’exploitation, tandis qu’une période de dix à vingt ans peut être nécessaire entre la découverte d’une nouvelle mine et sa mise en production.
La situation est d’autant plus tendue que la WNA prévoit 50 % de baisse de production dans les gisements actuels entre 2030 et 2040, du fait de leur vieillissement et de la fermeture de certaines mines. L’exemple d’arrêts momentanés de production par Kazatomprom au Kazakhstan, une production revue à la baisse par l’opérateur canadien Cameco ou encore des inquiétudes autour de la plus grande mine australienne sont autant d’éléments pouvant étayer le scénario de la WNA.
Ces difficultés tranchent avec l’apparente facilité de production de Moscou, principal producteur d’uranium enrichi, dont les pays européens sont fortement dépendants. Si ces derniers tentent de développer des capacités d’enrichissement, l’UE, et notamment la France, restent particulièrement tributaires d’importations étrangères pour leur approvisionnement, ce qui donne aux pays exportateurs comme le Kazakhstan, le Canada ou encore l’Australie un levier géopolitique puissant.