La 3e conférence internationale des Nations unies sur l’Océan (UNOC 3) se tiendra à Nice du 9 au 13 juin. Elle réunira plus de 150 délégations de pays, dont 50 chefs d’État mais également des ONG, représentants de la société civile et scientifiques. Son objectif ? Accélérer la mise en œuvre de l’Objectif de Développement Durable (ODD) n°14, adopté lors de l’Accord de Paris de 2015 et dédié à la conservation et à l’exploitation durable des océans, mers et ressources marines. Décryptage de ses principaux enjeux.

1. Renforcer la protection des écosystèmes marins

Plusieurs textes pourraient faire l’objet d’avancées : le traité international pour la protection de la haute mer et de la biodiversité marine adopté en 2023 qui doit être ratifié par 60 pays pour entrer en vigueur, le traité international contre la pollution plastique qui n’a pas abouti fin 2024 mais qui fera l’objet de nouvelles négociations en août ou encore l’accord sur l’arrêt des subventions à la pêche illicite, qui est en phase d’acceptation par les États à l’Organisation mondiale du commerce. D’autres dossiers comme la décarbonation du transport maritime ou la problématique de l’exploitation minière des fonds marins (ou deep sea mining) sont également à l’agenda.

2. Trouver des financements

Ce ne sera pas le plus simple : trouver les financements nécessaires à la protection et la conservation des écosystèmes, de la restauration de fonds marins au développement des énergies marines jusqu’à la surveillance des océans. Selon le rapport 2024 Blue Invest de la Commission européenne, les besoins pour cette « finance bleue » se chiffrent à plus de 150 Mds€ par an. Pour y répondre, il faudra mobiliser des financements étatiques et privés.

Officiellement, les représentants de l’UNOC 3 espèrent atteindre 100 Mds$ de nouveaux financements via l’organisation d’une conférence dédiée, le Blue Economy and Finance Forum, qui devrait réunir 1 500 acteurs économiques les 7 et 8 juin à Monaco. Lors des précédentes conférences, ce sont surtout des bailleurs de fonds internationaux qui ont été les plus gros contributeurs pour la protection de l’océan.

3. Soutenir la recherche scientifique

L’océan reste encore largement méconnu. Seuls 25 % des profondeurs marines sont aujourd’hui cartographiées, de même que nous sommes loin d’avoir identifié les millions d’espèces marines que nos écosystèmes abritent. Or, sans base scientifique solide, difficile pour les décideurs politiques d’agir efficacement pour la préservation des océans.

4. Évaluer le respect des engagements

L’objectif vise à réaliser un suivi des engagements pris par les différentes parties et faire un état des lieux des moyens déployés et résultats atteints après les engagements de 2015, et après les deux premières conférences sur l’Océan (New York en 2017, Lisbonne en 2022). Travailler sur une feuille de route ambitieuse pour se préparer à l’après 2030 sera également un défi de cette troisième conférence sur l’océan.

5. Réaffirmer la prééminence du multilatéralisme

Dans un contexte international complexe, l’UNOC 3 revêt un enjeu géopolitique plus large que son objet : réaffirmer la prééminence du multilatéralisme et du droit international. Un défi à l’heure où certaines puissances s’en affranchissent, et notamment les États-Unis avec par exemple le récent décret pris par Donald Trump autorisant la prospection et l’extraction de minerais dans les grands fonds océaniques, y compris en eaux internationales. À noter que la présence d’une délégation américaine à Nice reste pour l’heure incertaine.